Le 8ème Cycle de Programmation du Fonds pour l’Environnement Mondial à Madagascar
Les 27 et 28 août 2024, Madagascar a été au cœur des discussions mondiales sur l’environnement en accueillant le Dialogue National du 8ème cycle du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM). Cet événement marquant a également coïncidé avec la célébration des 30 ans de financement du FEM à Madagascar, un partenariat essentiel pour la préservation de la biodiversité de la Grande Île.
L’évènement a accueilli une délégation internationale de l’équipe du FEM venant de Nairobi et de Genève. Le Président du FEM, Monsieur Carlos Manuel Rodríguez, était à la tête de sa délégation, et a été accueillie par son Excellence, Monsieur le Président de la République de Madagascar, témoignant de l’importance de cet évènement.
Le Dialogue National a pour but de discuter des opportunités de financement pour Madagascar via le FEM, en cohérence avec les orientations stratégiques identifiées. Les objectifs du dialogue nationale sont :
- De renforcer les capacités de recherche de cofinancement ;
- Présenter les projets en développement ;
- Développer de nouveaux projets potentiels et conformes aux priorités nationales et aux directives du FEM.
Les Discussions Clés du Dialogue National
Ce dialogue national a vu la participation de diverses organisations, notamment des organisations non-gouvernementales nationales, des représentants du Système des Nations Unies, des représentants d’institutions de recherche, des acteurs du secteur privé, des fondations, ainsi que des départements sectoriels du gouvernement malgache, tels que le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique, le Ministère de l’Economie et de la Finance, entres autres.
L’ouverture officielle de l’événement a été réalisée par Monsieur Max Andonirina Fontaine, Ministre de l’Environnement et du Développement Durable, en présence de Monsieur Mahatante Tsimanaoraty Paubert, Ministre de la Pêche et de l’Économie Bleue, et de Monsieur Jean-Baptiste Olivier, Ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures.
Carlos Manuel Rodríguez, président du FEM pour un second mandat et premier président d’un pays du Sud, lors de son discours, a souligné l’importance de la cohérence des politiques environnementales au niveau national et international. Il a mis en lumière les leçons tirées de son expérience en tant que Ministre de l’Environnement du Costa Rica, où le pays a réussi à tripler la taille de son économie tout en doublant la couverture forestière et en passant à 100 % d’énergie renouvelable dans le secteur privé. Ce modèle inspire les discussions à Madagascar, où les défis sont similaires, avec une perte significative de biodiversité, la pollution, et les effets du changement climatique. Il a rappelé notamment que le changement climatique résultait d’un système économique qui ne respectait et ne valorisait pas la nature, qui est basé sur un désir de croissance illimitée ne se rendant pas compte des limites qui existent. Finalement, il a souligné l’importance de se diriger vers une économie circulaire.
LE FEM
Le FEM est le plus grand fonds fiduciaire multi-donateur environnemental. Le FEM a 18 agences de mise en œuvre et propose des mécanismes financiers basés sur les conventions internationales sur l’environnement.
Les directives du FEM sont élaborées lors des Conférences des Parties (COP) ou Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique. Le FEM propose différents fonds selon les besoins et les directives. Le FEM propose des financements qui évoluent selon les contextes et les priorités, ce sont des financement vivants et évolutifs prenant en compte les besoins des pays. Par ailleurs, le FEM propose une flexibilité dans l’obtention et l’utilisation par les pays.
Le FEM répond à certaines des préoccupations soulignées lors du discours de son Président. Aujourd’hui, aucun pays n’investit plus dans la biodiversité que dans les activités qui ont un impact négatif sur l’environnement. Il est nécessaire d’avoir à la fois plus de cohérence dans les politiques nationales au sein d’un pays et entre les pays. Le FEM contribue à l’amélioration de cette cohérence en travaillons sur l’intégration entre les différents secteurs.
L’Eau est l’une des thématiques prioritaires du FEM pour les Pays les Moins Avancés (PMA) dont Madagascar fait partie. Cette thématique englobe notamment l’appui au captage, au stockage et à la conservation et l’amélioration de la fiabilité de l’accès à l’eau.
Aujourd’hui, le FEM débute son 8e cycle de financements qui se terminera en 2028. Le 8e cycle a pour objectif de développer un monde équitable, positif pour la nature et sans pollution.
Plus d’informations sur le FEM peuvent être trouvées sur son site internet.
Le Rôle du FEM à Madagascar
Madagascar a bénéficié de financements du FEM depuis le 1er décembre 1994 et est maintenant l'un des plus grands bénéficiaires des financements du FEM en Afrique. Depuis trois décennies, le FEM a soutenu la gestion et la protection des aires protégées de l'île, ainsi que le développement de l’agriculture résiliente face au changement climatique. Parmi les projets phares soutenus par le FEM figure le projet « Ville Durable », qui place la mobilité électrique au cœur des priorités pour les villes d'Antananarivo et de Toamasina.
Avec la visite du PDG du FEM, Madagascar pourrait voir ses financements augmenter jusqu’à 100 millions USD pour le cycle actuel. De plus, le pays prépare déjà une demande de 130 millions USD pour le prochain cycle de financement, prévu pour 2026.
Les Recommandations du Panel de Haut Niveau
Un panel de haut niveau a eu lieu la première après-midi du dialogue et a permis de rassembler des experts internationaux, en présentiel et à distance, pour discuter des orientations des politiques environnementales mondiales et des opportunités de financement pour Madagascar.
Un cadrage de Monsieur le Ministre de l’Environnement et du Développement Durable a rappelé la situation dramatique de Madagascar : la Grande Île ressent actuellement de manière accrue les effets du changement climatique : en 2022, quatre cyclones en un seul mois ont causé des pertes économiques dramatiques. En parallèle, Madagascar court le risque de perdre son statut de pays le plus biodiverse et est en train de passer à un pays qui émet plus de carbone qu’il n’en séquestre.
Parmi les recommandations principales, on note la nécessité de mobiliser des ressources financières durables au niveau national surtout dans un contexte où 60 % de la population africaine est âgée de moins de 25 ans, mais où la gouvernance environnementale reste faible. Dans le cadre d’une mobilisation financière pour une meilleure gouvernance, le panel a souligné l’importance de la participation aux conférences internationales pour connaître le secteur et les options qui existent.
Le panel a également insisté sur l’importance de savoir précisément combien un pays investit dans la biodiversité et d'utiliser cet outil pour combler les lacunes financières. En effet, Monsieur le Président du FEM est revenu sur son expérience en tant que Ministre de l’Environnement du Costa Rica, expliquant qu’un de ses premiers travaux avait été d’identifié les différents investissements de son pays, notamment pour travailler sur leur cohérence, mais aussi pour comprendre les besoins.
Finalement, le panel a discuté des opportunités qui existent pour Madagascar. La biodiversité, bien qu’actuellement en danger, est perçue comme le plus grand atout de Madagascar, et l'écotourisme est identifié comme un pilier fort du développement durable de l'île.
La présentation des projets en cours
La deuxième journée a été consacrée à la présentation des projets en cours visant à renforcer la résilience environnementale à Madagascar. Sept projets ont été présentés :
- Le projet VISAINA (VIlles propres, Saines et résilientes grâce à une Approche INtégrée et intelligente à Madagascar)
Ce projet vise à promouvoir un développement urbain durable à Toamasina, en utilisant des stratégies d’économie circulaire et des approches intelligentes intégrées. L'objectif est de transformer la ville, qui détient le plus grand port de Madagascar et qui est la deuxième agglomération urbaine après Antananarivo, en un modèle de résilience urbaine, avec des actions axées sur la réduction de la pollution.
- Le projet de réduction de la pollution d’origine terrestre affectant les écosystèmes marins à Madagascar ;
Intervenant dans le Sud de Madagascar (région Atsimo Andrefana et Anôsy), ce projet se concentre sur la restauration des écosystèmes marins et terrestres en réduisant la pollution organique, microbiologique, chimique et minérale. L’objectif est de préserver la biodiversité marine en protégeant les zones côtières et en améliorant la gestion des déchets.
- Le projet “Paysage et littoral résilient, inclusif et transformateur” ;
Ce projet, mis en œuvre dans diverses régions prioritaires de Madagascar (Ambatotsirongorongo, Beza Mahafaly, Kasijy, Nosy Ve Androka, …) par la présence de paysage marin dégradé, des aires protégées et des migrants climatiques, vise à promouvoir un développement économique durable et inclusif. Il se concentre sur la gestion innovante des ressources naturelles, tout en renforçant la résilience des paysages et des communautés vulnérables face aux changements climatiques.
- Le projet “Cadre mondial de la Biodiversité : Vers une action tangible à Madagascar” ;
Ce projet a pour objectif de renforcer la conservation des zones prioritaires pour la biodiversité à Madagascar, en protégeant les espèces menacées et en restaurant les habitats critiques. Les interventions se dérouleront dans plusieurs sites clé, dont Ampasindava et Loky Manambato.
- Le projet d’innovation pour l’adaptation et la résilience au changement climatique dans les secteurs prioritaires et la création des emplois verts ;
Intervenant dans les zones vulnérables de Madagascar, ce projet vise à réduire la vulnérabilité climatique des communautés locales. Il encourage l'innovation dans les secteurs de l'agriculture et de l'eau, tout en créant des emplois verts pour améliorer la résilience des populations face aux changements climatiques.
- Le projet d’Alerte Précoce Multirisque pour la Résilience des communautés ;
Ce projet se concentre sur les régions les plus exposées aux risques climatiques à Madagascar. Il a pour objectif de développer un système d’alerte précoce pour les maladies climato-sensibles, renforçant ainsi la capacité des communautés à réagir efficacement aux crises sanitaires liées au climat.
- Le projet de renforcement de l’entrepreneuriat durable
Ce programme vise à réduire la pauvreté et à créer des emplois dans les communautés rurales de Madagascar en soutenant l'entrepreneuriat inclusif, particulièrement pour les jeunes. Il se concentre sur le développement de chaînes de valeur résilientes face au changement climatique.
L'atelier s'est poursuivi par des travaux de groupe, où chaque équipe a été invitée à simuler la création d'un projet. Les participants devaient identifier une idée de projet, définir les zones d'intervention, et évaluer les bénéfices environnementaux globaux attendus. Ils ont également été chargés d'estimer le montant nécessaire pour le financement, le cofinancement associé ainsi que les documents cadres.
Cette deuxième journée a mis en évidence l'engagement de Madagascar dans la mise en œuvre de projets transformateurs qui visent à répondre aux défis environnementaux et climatiques actuels.