Projet-pilote de réhabilitation de la décharge d’Andralanitra, Antananarivo : Réalisations et perspectives d’évolution.

La décharge d’Antananarivo, ouverte en 1966, gérée par le Samva, est saturée : les déchets étant simplement stockés, sans tri ni valorisation préalable. A ce jour, aucun projet alternatif de création d’un Centre d’Enfouissement Technique (CET) n’a été proposé par les autorités. Plus de deux millions de tonnes y sont accumulées, participant au réchauffement climatique par les émanations de méthane et polluant la nappe phréatique.

Suite à une première intervention en 2015 de Gevalor, et de Madacompost, le Samva a fait appel à ces partenaires pour quantifier les besoins en matériel de collecte, augmenter la durée de vie de la décharge et réduire ses nuisances liées aux émanations de fumées.

Cette décharge constitue une ressource en matières recyclables, exploitée par une population informelle représentant environ 1 500 personnes. En sus des matières recyclables déjà valorisées par ces chiffonniers, les ordures contiennent une grande quantité de matières organiques, soit facilement fermentescibles, soit plus ligneuses.

La première intervention (2015- 2016) a été financée par l’AFD (64 000 €) et la seconde (mars 2017-août 2018) par le Syctom (100 000 €), Syndicat de Collecte et Traitement des Ordures Ménagères de Paris.

Photo 1 : Andains de déchets organiques sur la plateforme de compostage.

Les réalisations du projet :

La première intervention a chiffré une nouvelle flotte de collecte, un pilote de compostage et un pilote de fabrication de pavés à base de plastiques ainsi qu’une étude préliminaire des coûts-bénéfices. Celle-ci a mis en évidence l’intérêt de pratiquer une excavation de la décharge, puisque la majorité des déchets entassés est du terreau à intérêt agronomique.

La deuxième intervention comprend deux volets principaux :

  •  Valorisation des déchets :

Une plateforme de valorisation de la matière organique de 1 500 m² fabrique du compost de qualité correspondant à la norme française NFU 44051 et des biocombustibles (semblable à du bois de chauffe), à partir des déchets organiques peu fermentescibles. D’ici août 2018, 110 tonnes de compost et 60 tonnes de combustibles seront produites.

Photo 2 : Criblage du compost    

Photo 3 : Briquette combustibles en séchage

  •  Lutte contre les feux et les fumées :

Les fumées impactant une population environnante de plus de 65 000 personnes ainsi que des sites industriels, deux actions ont été menées :

a) Compréhension des déclenchements des feux et action de sensibilisation :

Les feux étant entretenus par les émanations de méthane issus des déchets entassés, une étude a été faite pour comprendre les mises à feu. Il a été constaté qu’elles sont dues essentiellement à l’action des informels qui, notamment la nuit, souhaitent se réchauffer et s’éclairer pour mieux travailler.

Une action de sensibilisation a été menée visant les chiffonniers et plus généralement les populations alentours pour expliquer les risques liés à ces dégagements de fumées.

En parallèle, des solutions alternatives à ces mises à feu sont en cours d’installation (éclairage nocturne), ainsi que la mise à disposition d’équipements de protection individuels.

b) Mise en place d’une brigade d’intervention :

Associant le Samva, Gevalor, Akamasoa et un industriel, Akanjo, elle œuvre pour la prévention des feux grâce à la mise en place d’un bassin de récupération des lixiviats et d’un système de pompage.

Photo 4 : Brigade anti-feu

Quelques difficultés rencontrées :

Des retards de signature de la convention de partenariat, des changements à la tête du Samva, les effets de l’épidémie de peste liée aux déchets ainsi que les effets du cyclone ENAWO ont retardé la réalisation du programme.  

Ces aléas ainsi que les différentes procédures indispensables ont requis une coordination soutenue pour l’avancement des activités.

Evolutions du programme et perspectives :

Les travaux et études menés montrent l’intérêt d’une valorisation de la matière organique (compost et combustibles) et des sachets plastiques, préalable à la mise en décharge. On peut en espérer une réduction des déchets ultimes de 75 %, ainsi qu’une possibilité de synergie avec l’activité des chiffonniers.

Photo 5 : Parcelle d'essai du compost

Une excavation permettrait de créer de nouveaux volumes de stockage utilisables quelques années dans l’attente de la création d’un CET (Centre d’Enfouissement Technique) sa réalisation requiert un appui géotechnique, en cours de mobilisation. 

La suite des travaux demandera l’obtention de financements complémentaires ainsi que la couverture des coûts opératoires par des ressources locales.

Par Antonio RANDRIATSIMIHORY - Chargé de Mission GEVALOR Antananarivo

 

Crédit photos : Gevalor