Lancement du Projet « Sécurité durable de l’eau pour les établissements humains dans les pays en développement face au changement climatique »

Le lancement officiel du Projet « Sécurité durable de l’eau pour les établissements humains dans les pays en développement face au changement climatique » marque un tournant décisif pour la gestion des ressources en eau du pays, un enjeu crucial dans le contexte actuel du changement climatique. Ce projet, financé par la République de Corée via l’UNESCO, s’inscrit dans une démarche internationale visant à renforcer les capacités des pays en développement à mieux gérer et préserver leurs ressources en eau.

Lors de la cérémonie, plusieurs personnalités de premier plan ont pris la parole, soulignant l’importance de ce projet pour Madagascar. Le représentant de l'UNESCO en Afrique de l’Est, Monsieur Alexandros Makarigakis, a rappelé que Madagascar est membre du Programme Hydrologique Intergouvernemental (PHI) de l'UNESCO jusqu'en 2029. Ce programme, autrefois exclusivement consacré à l’hydrologie, a évolué pour intégrer des initiatives pluridisciplinaires. Celles-ci visent à enrichir les connaissances en hydrologie tout en incluant des volets liés aux sciences sociales, reflétant une approche plus holistique des problématiques liées à l’eau.

Le lancement de ce projet, baptisé « Sécurité durable de l’eau pour les établissements humains dans les pays en développement face au changement climatique », est soutenu par la République de Corée, qui finance l’initiative à travers son fonds fiduciaire. L’objectif est de renforcer les capacités nationales en matière de gestion des ressources en eau à Madagascar. Ce projet vise également à améliorer les systèmes d’alerte précoce du sud de la Grande Île, en particulier face aux inondations et aux sécheresses, phénomènes exacerbés par le changement climatique.

Un Engagement International pour un Développement Durable

Dans son intervention, l’Ambassadrice de Corée, son excellence Madame Ji-hyun Park, a souligné l’engagement de son pays à contribuer à la protection, conservation et valorisation des ressources en eau à Madagascar. Elle a mentionné que ce projet pilote est un prolongement de la collaboration continue entre l’UNESCO et la République de Corée pour soutenir des programmes d'accès à l'eau potable dans les pays en développement. L’objectif à long terme est de rendre l’eau plus accessible et durable, contribuant ainsi à la croissance économique locale. La Corée du Sud reste déterminée à assurer le succès du projet et à maintenir sa collaboration avec le gouvernement malgache.

Présentation du Projet

Monsieur le Chargé de Projet a, quant à lui, fourni un aperçu détaillé des objectifs et des actions concrètes du projet :

Le Programme Hydrologique Intergouvernemental

Le PHI existe depuis 1975 et regroupe 170 comités nationaux et points focaux. Actuellement le programme en est à sa 9e phase et a pour but d’aider les États membres à atteindre les objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD 6 qui concerne l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.

La 9e phase se focalise sur cinq domaines :

  1. Recherche scientifique et innovation
  2. L’éducation à l’eau pour la quatrième révolution industrielle, y compris la durabilité
  3. Combler les lacunes en matière de données et de connaissances
  4. Gestion Intégrée et inclusive des ressources en eau dans les conditions du changement globale
  5. Gouvernance de l’eau basée sur la science pour l’atténuation, l’adaptation et la résilience

Pour en savoir plus sur cette 9e phase : IHP-IX: Strategic Plan of the Intergovernmental Hydrological Programme: Science for a Water Secure World in a Changing Environment, ninth phase 2022-2029 - UNESCO Bibliothèque Numérique

Le projet actuel, intitulé Sécurité durable de l'eau pour les établissements humains dans les pays en développement sous l’effet du changement climatique, s’étend de 2017 à 2027. 20 états membres (10 en Afrique et 10 en Asie) peuvent bénéficier d’un financement de 100 000 USD de la part de la République de Corée sur une durée d’un an. Les objectifs globaux du projet sont les suivants :

  • Elaborer une ligne directrice, une stratégie ou un plan opérationnel pour la sécurité de l’eau au niveau de la ville (ou de la province) ;
  • Renforcer les capacités des ressources humaines.

Au niveau de Madagascar, le comité national PHI est constitué des organismes suivants :

  • Ministère de l’Education Nationale (MEN) ;
  • Ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène (MEAH) ;
  • Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MeSupReS) ;
  • Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) ;
  • Ministère des Transports et de la Météorologie (MTM) ;
  • Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage (MINAE) ;
  • Ministère de l’Energie et des Hydrocarbures (MEH) ;
  • Ministère des Affaires Etrangères (MAE) ;
  • Représentants des acteurs privés œuvrant le secteur concerné ;
  • Représentants des sociétés civiles œuvrant dans le secteur concerné.

Par ailleurs, le comité de pilotage est constitué des organismes suivants :

  • Ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène (MEAH) ;
  • Ministère de la Pêche et de l’Economie Bleue :
  • Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation ;
  • Comité National du PHI à Madagascar ;
  • JIRAMA ;
  • ANDA ;
  • Les universités.

Ainsi, les comités ont décidé qu’à Madagascar le projet se concentrera particulièrement sur le lac Andraikiba, une source d’eau essentielle pour la ville d’Antsirabe. Pendant 12 mois à partir de 2024, des activités seront menées pour renforcer la gestion de cette ressource hydrique, notamment grâce à l’installation de stations de mesure et à l’utilisation de la télédétection pour anticiper les impacts du changement climatique.

Les Perspectives et Prochaines Étapes

Parmi les perspectives du projet, l’intégration de nouvelles technologies comme la télédétection et l'intelligence artificielle permettra de mieux modéliser les ressources en eau souterraines et en surface. L’UNESCO, à travers son initiative CRIDA (Climate Risk Informed Decision Analysis), continuera d’appuyer Madagascar pour adapter la gestion des ressources en eau aux défis climatiques actuels.

Les systèmes de prévision et de surveillance mis en place serviront non seulement à fournir des alertes précoces en cas d’inondations, mais aussi à améliorer la gestion agricole et la protection des infrastructures. Le projet contribuera ainsi à la sensibilisation des communautés locales sur des enjeux tels que l’érosion, la pêche, l’artisanat et le tourisme, qui dépendent tous de l’état du lac Andraikiba.

Un Engagement National pour l'Avenir

Le Ministre de l’Eau, de l'Assainissement et de l'Hygiène a officiellement lancé le projet en soulignant que les ressources en eau sont les premières victimes du changement climatique à Madagascar. Les sécheresses, autrefois limitées au sud du pays, affectent désormais aussi les Hautes Terres et l’est du pays. Ce projet est donc intégré dans le Programme Général de l’État (PGE), avec un axe spécifique dédié à la gestion des ressources en eau, particulièrement dans les grandes villes comme Antsirabe, où les pressions environnementales sont croissantes.

Le Ministre a conclu en déclarant que le projet est lancé, et que ses résultats seront cruciaux pour anticiper les effets néfastes du changement climatique à Madagascar, tout en soulignant la nécessité de gérer non seulement les ressources en eau, mais aussi les populations qui en dépendent et les impactent.

Ce projet représente une étape importante pour Madagascar dans la protection de ses ressources en eau, avec le soutien de partenaires internationaux engagés pour un avenir plus durable.