Atelier de dissémination d’approches utilisées pour mener à un changement de comportement dans les établissements scolaires et de santé

Le mercredi 07 août 2024, WaterAid Madagascar a organisé un atelier de dissémination d’approches utilisées pour mener à un changement de comportement dans les établissements scolaires et de santé. L’atelier s’est centralisé sur les résultats acquis au cours d’un projet financé par l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) et mené par WaterAid Madagascar dans 30 écoles primaires publiques (EPP) et 15 centres de santé de base (CSB) de la région Analamanga entre 2021 et 2024.

Madame la directrice pays de WaterAid Madagascar, Madame la représente de la JICA à Madagascar et Madame la Directrice de la Promotion de l’Hygiène du Ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène (MEAH) ont prononcé les mots d’ouverture. Il a tout d’abord été rappelé que le projet était intégré dans un programme de recherche international, avec des recherches menées à Madagascar, en Tanzanie et au Népal par WaterAid. En effet, le lavage des mains est l’une des mesures les plus efficaces pour lutter contre les maladies infectieuses dans les différents pays.

A Madagascar, le projet a été mené en partenariat avec le gouvernement malagasy, notamment avec trois ministères : le Ministère de la Santé Publique, le Ministère de l’Education Nationale et le MEAH. Le projet a inclus par la mise en place de conditions favorables aux bons comportements d’hygiène, notamment l’accès à l’eau, l’existence de blocs sanitaires et de dispositifs de lavage des mains (DLM), la fourniture de kit de nettoyage et de maintenance, et spécifiquement pour les CSB, la présence d’incinérateurs et de fosses à ordures et placenta. Le projet a aussi travaillé sur la promotion de l’hygiène via un protocole détaillé et minutieux qui a été présenté au cours de cet atelier.

Finalement, le projet tire sa force de sa réplicabilité et un passage à l’échelle est souhaité avec l’appui financier du gouvernement japonais et un leadership du gouvernement malagasy.

Trois différentes interventions ont eu lieu lors de l’atelier, présentant d’abord le programme de recherche multipays et les résultats acquis, puis se penchant spécifiquement sur le cas de Madagascar.

Le projet avait pour objectif l’amélioration de l’hygiène des mains dans les EPP et CSB pour réduire les maladies infectieuses et contribuer à leur prévention, avec les deux objectifs spécifiques suivants :

  • Améliorer le comportement en hygiène des mains ;
  • Rendre disponible une base de données rigoureuse et améliorée pour informer l’apprentissage sur la pratique de l’hygiène des mains.

Dans les trois pays d’intervention, WaterAid a utilisé l’approche de conception centrée sur le comportement (Behaviour centred development), qui suit un processus en cinq étapes : A – Assess ou Évaluer, B – Build ou Construire, C – Créer, D – Deliver ou Livrer, E - Évaluer (ABCDE).

Au cours de la phase A « Evaluer », une étude préliminaire a été menée pour mieux comprendre les conditions initiales des EPP et CSB d’intervention. Il s’agit de l’étude « baseline ». Par la suite, la phase B « Constuire », a permis d’approfondir cette recherche, identifiant les déterminants comportementaux universels, les motivations et ambitions des groupes cibles, ainsi que les obstacles qui les empêchent de s’engager dans des comportements d’hygiène essentiels ainsi que les incitations nécessaires pour atteindre un changement de comportement.

Ensuite, dans la phase de création (C), un ensemble d’interventions spécifiques, innovantes et engageantes ont été imaginées pour atteindre le changement de comportement souhaité. Pour Madagascar, deux manuels en sont ressortis et sont disponibles sur la base de données du pS-Eau :

De nombreux outils ont été produits au cours de cette phase et sont présentés dans les manuels. Les participants à l’atelier ont aussi pu ainsi découvrir les outils développés, spécifiquement pour Madagascar, présentés via deux stands, un spécifique aux EPP et l’autres aux CSB.

La phase D, livrer, a permis d’atteindre d’abord les pré-conditions nécessaires au changement de comportement, c’est-à-dire les infrastructures en eau, assainissement et hygiène telles que :

  • Des toilettes genrées ;
  • Des dispositifs de lavage de main ;
  • Des plantes de traitement d’eau (uniquement au Népal et en Tanzanie) ;
  • Des systèmes de gestion des déchets.

Lors de la phase D, des sessions de renforcement des capacités, notamment pour les enseignants et professionnels de la santé, ont eu lieu, et les manuels produits ont été mis en œuvre. En parallèle, la gouvernance locale a été renforcé afin d’assurer la durabilité des interventions. Deux différents types d’intervention ont eu « cognitif » ou « léger » et « global » ou « compréhensif ».

Finalement, la phase E a permis d’évaluer le projet via le changement de comportement atteint. De manière générale, les résultats du projet à travers les trois pays, montrent des changements de comportement importants et pérennes après les interventions « compréhensives ». Il s’agit des résultats de l’étude « endline ».

A titre d’exemple, la figure ci-dessous montre les résultats des interventions dans les écoles sur le lavage des mains avec du savon avant de manger. La figure montre peut de résultat après les interventions « légères » mais des résultats significatifs après l’intervention « compréhensive ».

Il est important de noter que les études « baseline » et « endline » ont été menées avec l’aide de l’outil mWater et les résultats et données collectées y sont encore disponibles.

Voici les principaux résultats et leçons du programme de recherche :

  • Le modèle cognitif de changement de comportement ne fonctionne pas, mais les interventions globales fonctionnent pour changer les comportements.
  • Le processus créatif et participatif de conception des interventions basées sur la recherche formative a été déterminant pour garantir des outils pour un changement de comportement pertinents, émotionnels et attrayants, tant pour les EPP que pour les CSB.
  • La mise en œuvre efficace de séances d'intervention en matière d'hygiène par les enseignants dans les EPP et par le personnel de santé dans CSB après la formation a été essentielle pour institutionnaliser et renforcer les nouveaux comportements.
  • Une intervention de changement de comportement avec une portée et une fréquence d'exposition plus élevées peut conduire à un changement de comportement durable avec de bons résultats.
  • Les interventions globales de promotion de l'hygiène, associées à des interventions de stimulation (ou cognitives) et à la fourniture de toutes les conditions préalables aux comportements, peuvent conduire à une amélioration significative et pérenne des comportements.
  • Dans l'ensemble, l'intervention globale de changement de comportement mise en œuvre dans les trois pays a démontré un niveau élevé d'efficacité et d'efficience. Cela signifie qu’une mise à l’échelle est possible.

Pour en savoir plus sur le changement de comportement dans le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, découvrez le compte rendu de l’atelier organisé par Ran’Eau en novembre 2022.

Avez-vous aussi produit des manuels ou outils pour le changement de comportement ? N’hésitez pas à nous les partager !